CIOFS | Dossier mensuel de Janvier 2012

Publié le par Poerani

PRESIDENCE DU CONSEIL INTERNATIONAL DE L'OFS
PROGRAMME DE FORMATION CONTINUE
DOSSIER MENSUEL MARS 2012 – 3ème ANNÉE – N° 27

            – EVANGELISES POUR EVANGELISER           

 

Fr. Fernando Ventura, OFMCap

Dossier préparé par l'équipe de Formation Permanente CIOFS

Ewald Kreuzer, OFS, Coordinateur

Fr. Amando Trujillo Cano, TOR

Doug Clorey, OFS

 

INTRODUCTION

Le XII Chapitre Général de l'Ordre franciscain Séculier fut célébré du 22 au 29 octobre 2011 à Sao Paolo, au Brésil. Au cours de ce Chapitre, des Franciscains séculiers du monde entier ont échangé leurs approches du thème "Etre évangélisé pour évangéliser." La présentation d'ouverture fut faite par Fr. Fernando Ventura, OFM Cap, présentateur doué qui a appelé les capitulaires à vivre leur vocation et assumer leurs responsabilités au sein de l'Église et de la Famille franciscaine.


LE PRÉSENTATEUR

 

Fr. Fernando Ventura est un Capucin franciscain, né en 1959. Théologien et bibliste il a enseigné à  l'Institut des sciences religieuses d'Aveiro (ISCRA), au Portugal. Il a été traducteur pour la Commission théologique internationale du Saint Siège et coopère avec diverses organisations internationales, comme avec son propre Ordre OFM Cap., avec l'Ordre franciscain Séculier (OFS) et la Fédération Biblique Universelle. Il publie dans le magazine "Bible" des articles d'une très profonde théologie. Il est l'auteur de la première étude sur Marie dans le monde islamique. Il a écrit un guide pour la lecture de la Bible ("Roteiro de Leitura da Biblia"). Son travail de traducteur simultané lors de retraites, conférences, etc. l'oblige à de fréquents déplacements dans le monde entier.

Fr. Fernando a toujours été ami de l'OFS et a travaillé à la traduction simultanée  des réunions de Présidence du CIOFS et de tous les Chapitres Généraux depuis 1987. Il a écrit récemment le livre : "Du Moi solitaire au Nous solidaire"

LE CONTEXTE

Nous diviserons la présentation de Fr. Fernando au Chapitre Général en six dossiers que nous publierons de janvier à juin. Ils formeront donc la base de notre programme pour le premier semestre 2012.  En voici un bref résumé :

1. Que signifie "évangéliser" ?

Dans ce dossier seront présentés quelques-uns des éléments essentiels de ce qu'est "évangéliser" dans notre foi chrétienne et dans le contexte de notre culture contemporaine.

2. Un retour à Emmaüs.

Fr. Fernando nous expliquera pourquoi il nous faut retourner à Emmaüs, rencontrer sur la route ces deux disciples et réfléchir à leur mal-être: leur abandon d'une foi centrale, d'une espérance et leur éloignement vers la périphérie, vers le désespoir.

3. Quelle est la religion de Dieu ?

Voici une question provocatrice!: Quelle est la religion de Dieu? Les catholiques pensent que Dieu est catholique; les protestants le croient protestant; les Musulmans, musulman ; et les Juifs, bien sûr, savent que Dieu est juif. Et, pour ces raison, nous nous massacrons les uns les autres depuis des siècles.

4. L'Exode - une lecture-clé.

L'histoire de l'Exode est une clé: Dieu crée des histoires en Histoire. Mais c'est seulement lors du début du Livre, le temps du Dieu d'Abraham, d'Isaac, de Jacob. Jésus, le Christ, montre que Dieu n'est jamais distant, "au Ciel", mais est ici et maintenant.

5 + 6. Les béatitudes : le texte le plus dangereux de toutes les saintes Écritures.

Enfin nous examinerons le texte le plus dangereux de toute l'Écriture sainte, le texte le plus révolutionnaire de toute l'histoire de l'humanité. Fr. Fernando nous présentera la charte constitutive du Christianisme, le texte qui réussit à expliquer pourquoi nous sommes ici, le texte qui nous permet de découvrir notre mission, et sans lequel nous ne trouverons jamais le sens de notre vie.

Nous escomptons qu'ainsi, au cours des six premiers mois de l'année, vous lirez et étudierez ce qu'a dit Fr. Fernando, et prendrez le temps d'en discuter avec vos frères et sœurs dans la Fraternité.

QUE SIGNIFIE ÉVANGÉLISER ?

Fr. Fernando a débuté sa présentation du thème de ce Chapitre Général de l'OFS en lançant aux capitulaires plusieurs questions dérangeantes. Très vite, ceux-ci  se sont rendu compte que sa présentation relèverait plus d'une "expérience personnelle" que d'une conférence académique. Les mots lancés suscitaient la réflexion sur des éléments essentiels de la signification d'évangélisation et de foi chrétienne dans le contexte de notre culture contemporaine. Il a contraint les Franciscains séculiers à réfléchir à ce qui est arrivé aux mots et aux sentiments.

Les mots et les sentiments

Aurions-nous le culot de dire à notre voisin, "je vous aime ?" Sans plaisanter et en le regardant droit dans les yeux ?... pouvez-vous le dire, maintenant, à la personne assise à côté de nous ? Ce n'est pas si facile n'est-ce pas ?  N'avons-nous pas peur des mots ? Les mots ne sont-ils pas morts ? N'avons-nous pas tué les sentiments ? Pareils mots nous effraient ! Mais dire à quelqu'un "je vous aime" c'est lui dire : "j'ai besoin de vous pour être heureux." Cela peut aller loin ! Mais dire à quelqu'un "je vous aime", cela peut signifier autre chose. C'est dire à l'autre : "je ne peux pas être heureux sans vous." Voyez-vous où cela mène ? dire : "J'ai besoin de vous pour être heureux" est une chose ! Mais dire: "je ne peux pas être heureux sans vous" nous conduit à une toute autre constatation, nous détruit. Cela détruit notre vanité personnelle, notre manie de croire que nous sommes le centre du monde.

Si nous comprenons ce qu'est "évangéliser", alors nous sommes capables de tout comprendre...

En revanche, si nous ne le pouvons, nous continuerons à être les plus malheureux fils de l'homme... des gens vivant à la foi une vie maritale avec Dieu... et un divorce avec la vie. Des gens mariés à Dieu parce qu'aucun diable ne veut les épouser... vieux garçons et vieilles filles de toujours, célibataires aigris, gens qui vivent leur vie dans une relation de pouvoir. Et là nous avons raté le coche ! Nous vivons dans nos fraternités... dans nos couvents.... dans nos monastères.... nous vivons, à tous les niveaux, sous l'oppression de gens qui ne voient dans service que pouvoir. Qui ne sont (avec) les autres que parce que cela fait bien. Ces gens là ne peuvent être aidés par personne. Nous sommes fatigués des vieux garçons de l'histoire. Il y a trop de gens gentils. Il ne suffit plus d'être sympathique, l'urgence pousse à l'empathie. Au mieux, la gentille personne vous sourira. (Et ici je me rappelle toujours Confucius : "Attention, derrière le sourire sont les dents !")

Il  est temps...

Notre temps n’est pas un temps pour se croiser les bras. Il est temps de recommencer le voyage à l'envers (de retourner l'omelette, dirait un Espagnol)... Il nous faut reconnaître que nous n'avons pas le droit de dire que nous possédons une religion, car il nous faut comprendre que c'est notre religion qui nous possède. Les gens qui ne parlent que religion sont insupportables. Ils ont la bouche pleine de Dieu mais ne créent que des brises mystiques qui n'influencent personne. Et nous suivons mal de mauvais signaux. Et nous continuons à nous chamailler... Je vous le demande, à vous Franciscains des trois branches, d'expliquer aux évêques de votre pays, aux prêtres de votre pays, aux moines de votre pays, aux religieuses de votre pays, que habit n'est pas synonyme de pouvoir. Vivre en communauté est l'important, est en premier un mode de vie.

A trop de places dans le monde nous avons vu l'Eglise monter en puissance avec les puissants, une Eglise qui perd pied car elle a perdu son sens de service... car elle a cessé d'être un signe... car dans trop de places elle se vendit au pouvoir qui la finance. Et cela je l'ai vu de mes yeux, moi, dans tous les continents.

Cela dépend de vous

Il dépend de vous d'être un signe de contradiction. Il  dépend de vous de raviver la  révolution franciscaine. François s'est mis à l'écart pour rechercher "son Eglise" au confins d'Assise, avec les lépreux, car l'Eglise était engluée au centre du Pouvoir. Et beaucoup de ses membres faisaient cause commune avec les seigneurs. Et les pauvres et les lépreux restent aussi seuls que jamais.

L'aventure a commencé...

 

Et donc l'aventure a commencé, l'aventure de ce Dieu qui un jour a décidé de créer le monde... La Bible est le "cri"' d'une Alliance, d'un Mariage qui veut répondre à cette initiative. Plus qu'un livre, plus qu'un code, la Bible est Vie. Une vie faite de tout ce dont la Vie est faite: rêves et illusions, joies et espoirs, larmes et sourires, rencontres et séparations, lumières et ombres, plus tout ce que notre imagination, notre expérience personnelle sont en mesure de faire. Tout ce qui peut combler les vides de l'âme. Et donc elle va de la Genèse à la Révélation. Mais quel pourrait en être le fil conducteur?

Qu'est-ce qui justifie l'étude de l'Écriture sainte? La Bible donne-t-elle une signification à cette aventure de communication de Dieu avec les hommes et des hommes avec Dieu? D'après vous, quel est le mot clé de la Bible? C'est ALLIANCE (donc union et attache). C'est ce que François -et lui seul jusqu'à présent- était capable de comprendre.

Le désir que nous avons tous

Nous continuons à vivre sur une erreur. Nous continuons à insister sur notre péché originel, ce péché que nous situons à l'origine de nos maux. Il est enraciné dans notre désir d'atteindre Dieu. notre désir d'être Dieu. de contrôler la connaissance du bien et du mal, d'être maître de la vie et de la mort. le désir que nous avons d'entrer dans le monde de Dieu, de toucher le monde de Dieu. Et nous ne nous rendons pas compte qu'il ne peut y avoir qu'une Genèse, qu'un seul rêve de genèse, parce qu'il n'y aura qu'une Apocalypse, parce qu'il y a un chapitre 21 de la Révélation. Le monde de Dieu, la nouvelle Jérusalem qui descend pour prendre l'espace humain.

Parce que pendant cette discussion, nous sommes tous à combattre et nous frapper la tête contre le mur pour trouver comment effectuer notre conversion. Nous ne nous rendons pas compte que ce que François apporte est neuf. Il a été le premier et le seul qui a compris que si quelqu'un se tourne vers quelqu'un d'autre, c'est Dieu qui se tourne vers nous. C'est le moment du billet de retour (retournez cette omelette, elle brûle!)

Noël - le plus grand moment de l'Histoire

François est le seul qui ait vu Dieu dans l'Histoire. C'est ce qui l'a fait se rendre compte de l'importance de Noël, et c'est pourquoi Noël devint pour François le plus grand moment. Là, Dieu touche l'Histoire. Là, Dieu devient un de nous. Là, Dieu devient nous. Là, nous célébrons définitivement l’alliance. Et, ici, nous devons revenir à l'Emmanuel, car, en ce temps de mots morts, c'est le temps des veufs de leurs affections, des veufs de leurs émotions.


QUELQUES QUESTIONS POUR LA RÉFLEXION ET LA DISCUSSION EN FRATERNITÉ


1. Pourquoi une bonne compréhension de l'évangélisation est elle si importante pour nous Franciscains séculiers?

2. Que signifie pour vous le terme "alliance",  "mot-clé" de la Bible?

3. Noël est pour François le plus grand moment de l'Histoire. Pourquoi?

Publié dans Formation

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